Comme entrepreneurs nous sommes appelés à faire des sacrifices, des concessions et parfois des acrobaties pour atteindre nos objectifs.
Un des sacrifices que j’ai choisis de faire, a parfois affecté ma vie familiale, mon sommeil et mes amitiés.
Malheureusement, dans des occasions sombres, ces sacrifices ont blessé l’essence même de qui je suis.
Une femme noire, une femme de couleur, adoptée.
Ceci est mon mea culpa. Supportez moi ou non, j’ai besoin de m’exprimer.
GRANDIR ADOPTÉE
J’ai été adoptée, bébé, de Saint Vincent et les Grenadines. J’ai grandi partagé entre le Québec et l’Ontario dans une famille blanche. .
L’enfant, durant ses années de formation, a des modèles qu’il regarde. Même si j’ai apprécié les personnes qui ont décidé de jouer ces rôles auprès de moi, aucun n’était noir.
Cela a créé un environnement confortable mais tout de même effrayant. Un environnement où je n’ai vraiment jamais su exactement comment fonctionner, m’exprimer et défendre mes origines noires.
J’ai mentionné un environnement confortable en me référant à la stabilité de mon milieu familial et la vie balancée dans laquelle j’ai vécu. Ceci dit, cet environnement était effrayant parce qu’il manquait une motivation intrinsèque à comprendre complètement les épreuves et les tribulations qu’une enfant noire vit dans un environnement prédominant blanc.
Je regrette aucunement mon enfance et je choisis de célébrer chaque expérience vécue car elles sont des leçons de grandes valeurs pour moi.
Ceci dit, je comprends maintenant, comment la petite Gabrièle de 6 ans (oui c’est à cet âge que j’ai vécu du racisme) est devenue la femme Gabbie qui est tellement inconfortable avec son comportement qu’elle sent le besoin d’exprimer son mea cuupa à 00h41 du matin.
TOLÉRANTE, PASSIVE, EFFACÉE
J’avais 6 ans la première fois qu’on m’a appelée une négresse puante par une petite fille sur le terrain de jeux. Pendant des semaines, des rumeurs ont circulé dans la classe que ma peau était brune parce que j’avais baigné dans la merde. J’ai ressenti la douleur, l’humiliation et la frustration.
Ma maman blanche m’a appris à aimer ma peau, mes cheveux, mon nez, mon front…
Comment c’était stressant et déroutant que d’autres enfants choisissent de m’ostraciser à cause des mes traits physiques.
J’aurais aimé avoir plus d’amis à ce moment. Une partie de moi voulait sortir de ma propre peau, la laisser à la maison, afin d’être acceptée par ces jeunes femmes. Pendant ce temps, une autre part de moi était furieuse et enragée de l’audace effrontée démontrée par ces personnes.
Je l’ai dit à mes enseignantes, mes parents et les éducatrices. Je ne connaissais même pas la signification du mot négresse à ce moment. Par conséquent, je ne sais pas comment j’ai expliqué ce qui avait été dit et comment cela m’avait affecté.
Je me rappelle, cependant, avoir reçu des excuses de la part de quelques élèves. Je me rappelle qu’on me demande de leur pardonner et ensuite de m’en détacher. J’ai essayé …. Mais pas eux.
“Ne me touche pas négresse
Tu es sale parce que tu es noire
Ne t’approche pas avec ta peau de merde.”
Ce sont devenus des thèmes récurrents du racisme que j’ai vécu.
J’ai pleuré, crié, argumenté, quitté, reçu des excuses et poursuivis mon chemin.
Je ne peux pas confirmer combien de fois ce manège s’est produit, mais je peux dire qu’éventuellement j’ai choisi de tolérer le comportement, de me détester ainsi que ma peau, mes cheveux, ma personne…. Et poursuivre mon chemin !
Ceci a débuté un pattern de tolérance aux agressions.
Le moins que j’argumentais, le plus facile mon chemin devenait.
Ma mère m’a finalement changé d’école quand je suis revenue à la maison une journée en lui disant qu’en regardant le brun de mes bras, cela ne me faisait pas sentir très fière honnêtement.
Les blessures, je les ai amenées avec moi à ma prochaine école, au secondaire et éventuellement à Montréal.
J’ai pris la décision de simplement exister, vivre ma vie et bâtir mon entreprise. Encore plus important je suis devenue tolérante, passive et effacée.
Tolérante, des micro agressions si elles n’étaient pas dirigées directement à ma personne.
Passive dans ma défense, afin de ne pas offenser les clients ou les partenaires d’affaire qui utilisaient un langage ignorant.
J’ai également caché mon adoption pour plusieurs années afin de m’assurer de ne pas entendre le commentaire le plus blessant qui soit : “Ah ! Super. Cela explique pourquoi tu es si éloquente!“
Cette pratique a rendu mon existence acceptable dans une société oppressante. Cela a rendu mon existence avec moi-même silencieusement intolérable.
Comme j’écris ces mots, je réalise que je suis la première personne à qui je dois m’excuser.
Je m’excuse à la petite fille en moi d’avoir toléré le racisme.
Je m’excuse à l’adolescente en moi d’avoir toléré le micro racisme et les instances de manque de respect.
Je m’excuse à mes ancêtres de ne pas avoir été plus vocale envers le racisme systémique qui a affecté mes gens et moi-même pendant les 400 années passées.
J’écris cela dans un état absolue de brisure face à mon comportement. Je m’excuse.
ALLER DE L’AVANT
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PLUS JAMAIS:
Tokenisation:
La tokenisation est une pratique qui représente un effort sommaire et symbolique d’inclure des membres des groupes minoritaires. Plus particulièrement dans le recrutement d’un petit nombre de personnes issues de groupes sous-représentés afin de donner l’apparence d’égalité raciale et sexuelle dans le milieu du travail. Wikipedia
L’application de cela à ma marque :
Je te demande, comme client, de t’abstenir d’utiliser nos sessions glam comme preuves de tolérance raciale et ouverture.
Insensibilité
Lorsque des problèmes de racisme ou de discrimination surivennent, je ne tolererai plus de commentaires qui visent à blâmer la victime. Je ne vais pas accueillir les discours prônant “toutes les vies comptent”. Ceci s’applique autant à ma vie privée que professionnelle.
Fetichisme
Je suis belle… pas comme une fille noire, même si vous pensez habituellement que nous ne sommes pas attrayantes, pas comme une haïtienne (en passant je viens de Saint-Vincent)
Toucher mon afro
Je ne justifierai pas mon droit personnel que l’on respecte mon espace personnel. Merci
Farces stupides
Elles ne sont pas drôles ou acceptables
Expressions racistes
Même si vous pensez “je ne voulais pas le dire dans ce sens là”
Fini d’excuser et de faire des compromis pour mes origines noires, ma féminité, mon art. Plus jamais je vais me minimiser pour m’insérer dans des situations que j’ai férocement dépassées.
J’ai été une fraudeuse mais je ne suis plus liée à des standards réductifs que je m’imposais.
Je suis libre et prête à représenter l’excellence noire avec l’expression optimale de mes habiletés.
Parce que je suis le rêve le plus fou de mes ancêtres.
Parce que moi, comme moi, comme enfant noir, JE COMPTE.